jeudi 16 octobre 2014

Sur l'avortement et l'euthanasie

Propos d’un humaniste chrétien

Un ami qui m’est très proche m’a fait parvenir cette méditation qui, datant de quelques années, n’en est pas moins plus que jamais d’actualité au milieu des discussions souvent âpres qui agitent la société- du moins celle qui a de quoi se loger et se nourrir.
Je la publie avec son entier accord :
  
            La vie est sacrée, la vie sous toutes ses formes : je crois que tout homme civilisé peut tomber d’accord sur ce postulat. On m’objectera les tortionnaires, les bourreaux, les tueurs en série, les fauteurs de génocides ; mais ceux-là ne sont pas des êtres civilisés, ce sont des barbares. La civilisation repose sur le respect de la vie.
            C’est une idée qui progresse de nos jours d’une façon marquante en ce qui concerne ce qu’on appelle la nature, c’est-à-dire le règne animal et le règne végétal. Témoin le succès grandissant de l’écologie, que ce soit l’écologie au sens vrai, qui œuvre en faveur des équilibres naturels, de la protection des milieux (c’est son sens étymologique) ou que ce soit aussi l’écologie militante qui s’est dévoyée en action politique.
            Cela pour la « nature naturelle », si l’on peut dire. Mais la nature humaine ? le respect de la vie humaine ? Constate-t-on un progrès, ou bien plutôt une régression, et immense ? Toujours les hommes ont tué des hommes (cela a commencé avec Caïn et Abel), mais jamais, avant les « guerres d’enfer » (pour reprendre le titre de l’ouvrage prémonitoire d’un auteur bien oublié aujourd’hui, Alphonse Séché), jamais on n’avait massacré les hommes par millions, et jamais par des moyens autres que ceux de la guerre : camps de concentration, avec leurs chambres à gaz ou leurs fours crématoires, goulags, famines planifiées comme en Ukraine par Staline dans les années 30, les Khmers rouges au Cambodge, et depuis, la liste s’allonge, s’allonge... La Révolution française avait bien inauguré cela en Vendée (« La Vendée sera anéantie », avait décrété la Convention en 1793), mais sur une échelle sans commune mesure.
            D’où le terme, d’invention contemporaine, de « génocide ».
            Il est clair que, hormis pour les croyants – et encore pas tous, cela dépend de leur croyance [1]-  l’être humain n’est plus, en tant que tel, objet de respect. Et cette dépréciation rejaillit sur la nature des traitements (terme neutre) que l’on peut, ou au contraire on ne peut pas, faire subir à cet être humain.
            On peut, grosso modo, répartir les esprits en deux catégories antagonistes. Première catégorie : ceux pour qui la vie est sacrée au sens fort du terme parce qu’elle est d’origine divine, et même de nature divine : « Dieu forma l’homme de la poussière de la terre, il insuffla dans ses narines un souffle de vie, et l’homme devint une âme vivante » (Genèse 2, 7) ; « Je suis le chemin, la vérité et la vie », déclare le Christ lors de la dernière Cène (Jean 14, 6) ; ou encore, avant de ressusciter Lazare, il affirme à Marthe : « Je suis la résurrection et la vie » (Jean 11, 25). De son côté l’apôtre Paul enseigne (aux Athéniens, sur l’Aréopage) : « En Lui [le Christ] nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Actes 17, 28).
            Pour ceux qui croient cela, la vie humaine est sacrée au sens plénier, absolument, intégralement, du tout premier début jusqu’à l’extrême fin, de l’embryon jusqu’au mourant. Et cela parce qu’elle porteuse de « cette part immatérielle de chaque être qui a plus de prix à nos yeux que tout l’univers matériel » (François Mauriac).
            A l’opposé, on trouve les matérialistes, pour qui l’être humain est un assemblage d’organes eux-mêmes constitués de cellules, qui sont elles-mêmes des conglomérats de molécules interagissant entre elles selon certains schémas. Cet assemblage n’a pas plus de valeur intrinsèque que, mettons, une éponge. Il est ce qu’il est par hasard et non selon une nécessité, ce qui impliquerait ce qu’Aristote nomme une entéléchie, c’est-à-dire un destin prédéterminé, ce qu’ils nient fermement. Dans cette optique, un embryon n’a pas essentiellement un statut autre que celui de n’importe quel organe humain, un rein, par exemple, ou un appendice.
            Reste que cet organe ou organisme qu’est l’embryon, puis le fœtus, acquiert une conscience, à la différence de l’éponge. Or la conscience fait l’homme.
            Quelle est cette conscience ? La conscience réflexive, indubitablement. Mais n’existe-t-il pas aussi une conscience instinctive, que l’homme partage avec les animaux ? Et quand acquiert-il simultanément cette double conscience, ou successivement ces deux consciences ? A quel stade, ou stades, de son développement ? Et, question grave : d’où les tient-il ? D’un processus purement électro-chimique ? On alimente des querelles sans fin sur les jours et les mois de grossesse sans savoir répondre à aucune de ces questions, dont la plus importante est celle-ci : à quel moment l’être humain devient-il un être humain, doté par nature de ces droits imprescriptibles qu’ont proclamé les Constituants de 1789 dans leur fameuse Déclaration des « droits naturels, inaliénables et sacrés de l’homme » (Préambule), dont tout le monde se réclame sans l’avoir lue. L’article II stipule que « les droits naturels et imprescriptibles de l’homme... sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression ».
            Tels sont les droits sacrés que l’homme possède par nature. Si le droit à la vie n’y figure pas, c’est pour la raison qu’il est, par consensus universel, le premier de tous, celui en l’absence duquel aucun autre n’existe. Et si ces droits sont « naturels », c’est bien qu’il existe une nature humaine irréductible à la matière, même organique.
            Cela posé, les choses ne sont pas si simples, ou simplistes. Les partisans acharnés du « droit » à l’avortement ainsi que des recherches intrusives sur l’embryon, se trouvent être les adversaires non moins acharnés de la peine de mort. Y aurait-il donc deux catégories, deux modalités de la vie humaine, l’une intouchable, et l’autre sans importance ?
            L’incohérence n’en existe pas moins dans le camp adverse. Ceux qui militent, parfois publiquement, contre l’avortement et les manipulations génétiques, sont très souvent – pas toujours – partisans de la peine de mort. D’où la même interrogation.  
            Revenons donc à notre point de départ. Si l’être humain est sacré, soit au sens plein, soit en un sens allégorique ou moral, et si la vie, et pas seulement la vie humaine, l’est aussi, nous nous trouvons face à une série d’apories.
            Selon les adeptes de certaines sectes, américaines pour la plupart, la vie se développant dans la moindre de ses étapes sous l’étroite gouvernance de Dieu, la médecine est intruse, voire sacrilège, et doit être absolument bannie – ce que ces sectes appliquent avec les déplorables résultats que l’on sait. C’est un extrême, assurément, mais d’une attitude qui, sous une forme plus modérée, n’est pas loin de penser que certaines formes de la médecine, et surtout de la chirurgie, sans parler des recherches génétiques, dont nous reparlerons, sont attentatoires à la volonté de Dieu, qui seul a droit de vie et de mort sur l’homme.
            Pour d’autres, tout au contraire, la science, notamment médicale, est reine, et reine absolue, et peut faire ce qu’elle juge bon de faire du « matériau humain ». Dans ce cas d’espèce, bien plus fréquent qu’on imagine, la condition humaine est menacée comme elle ne l’a jamais été, car elle l’est par ce dieu tout-puissant et omniscient qu’est la science.
            Ces deux attitudes peuvent-elles satisfaire l’homme sensé ? Je mets en fait que non.
            Ne feignons pas la neutralité, et prenons l’attitude du chrétien que nous sommes. Dieu, oui, nous a donné la vie. Mais non sans contreparties : il nous l’a confiée à charge pour nous d’abord de la conserver – pareil cadeau ne se méprise pas – et ensuite et surtout d’en faire le meilleur usage pour nous et pour les autres, et cela à égalité.
            Nous avons donc pour devoir de soigner notre vie, de la conserver en bon état autant qu’il dépend de nous ; et nous avons strictement le même devoir envers notre prochain. Et c’est là toute la justification spirituelle de la médecine. 
            C’est dans cet esprit-là que doivent trouver leur solution les problèmes de conscience, qui sont parfois des drames, que font surgir les événements de la vie.
            Il n’y a pas de doute que la suppression d’un embryon ou d’un fœtus, par avortement ou autrement, est le meurtre d’un être vivant. De même l’euthanasie : si elle est consentie, c’est un suicide, si elle ne l’est pas, c’est un meurtre.
            Faut-il toutefois en rester à pareille conception légaliste et morale, si légitime soit-elle ? La théologie orthodoxe, dans sa sagesse pragmatique, distingue les canons, qui sont des règles imprescriptibles, de l’économie, qui est leur application miséricordieuse aux circonstances effectives de l’existence, application qui doit faciliter la vie aux chrétiens face aux difficultés qu’ils rencontrent, et non pas la leur rendre encore plus difficile, voire insupportable[2]. Exemple typique : le mariage. L’Eglise orthodoxe, tout comme l’Eglise romaine, professe le principe de l’indissolubilité du mariage. Cependant, elle constate que, dans la vie quotidienne, nombre de mariages se rompent, que l’union qu’ils consacrent n’existe plus. Que fait-elle ? Elle déplore cet état de fait mais, admettant le droit à l’erreur, elle prononce la dissolution en droit – c’est-à-dire qu’elle efface les engagements réciproques des conjoints – laquelle sanctionne la dissolution déjà survenue en fait, et chacun des anciens époux, rendu libre de toute obligation, peut de nouveau, s’il le désire, se marier religieusement.
            Ce comportement peut être transposé en ce qui concerne cet être porteur de vie qu’est l’embryon.
            Qui peut nier que la stérilité des couples ou que l’existence de maladies génétiques appellent des solutions médicales, au nom, précisément, du droit à la vie ?
            La fécondation in vitro a rendu le bonheur à de très nombreux couples en mal d’enfant. Et il est faux de dire que celui-ci est d’origine névrotique, car il correspond à la parole de Dieu : « Croissez et multipliez » (Genèse 1, 28). L’instinct de paternité, à l’image de la paternité divine, et l’instinct de maternité, à l’image de celle de la Vierge Marie, sont constitutifs de la nature humaine. Et comment réaliser la fécondité, issue du croisement naturel de ces deux instincts, comment la réaliser artificiellement lorsqu’elle ne peut pas l’être naturellement, sinon par la mise en jeu d’embryons (ou de cellules embryonnaires, ce qui revient au même) ?
            De même, il est devenu patent que nombre de maladies d’origine génétique peuvent être combattues par l’emploi de gènes empruntés à l’embryon.
            Y aurait-il donc deux droits à la vie qui se concurrenceraient ?
            Se pose aussi la question cruciale des embryons dits surnuméraires, ces embryons prélevés en vue de fécondations artificielles et qui n’ont pas trouvé d’emploi : ils sont voués à la destruction, c’est-à-dire à la mort, au bout d’un temps déterminé. Il y a là, sans ambiguïté, mort d’homme (même si celui-ci est potentiel). Est-il amoral qu’ils trouvent l’emploi qui leur a fait défaut, pour servir à guérir certaines de ces maladies, autrement dit servir au bien de l’humanité entière ? Leur sacrifice servirait à une noble cause – et j’y vois une application singulière de la communion des saints.
            Car enfin, dans la perspective chrétienne, le sacrifice d’une victime innocente, voire d’une victime inconsciente (et je pense aux Saints innocents) a une valeur que la justice ou la science humaines ne sont pas capables d’apprécier, mais Dieu, si.
            Comme on voit, les choses ne sont pas simples : c’est l’intellect humain qui leur impose sa vision simpliste.
            Encore moins simples sont les questions, somme toute très voisines, de l’avortement et de l’euthanasie.
            Un préalable d’abord, et qui est d’importance. La contraception n’est pas l’avortement, et elle en diffère essentiellement. Comme son nom l’indique, la contraception fait obstacle à la conception, elle empêche l’apparition d’un être vivant, elle ne le supprime pas. Tout autre est l’avortement : cet être vivant existe bel et bien, et l’avortement met fin prématurément à son existence.
            Que penser alors de l’avortement ? Posons d’abord un principe intangible : nul n’a le droit d’imposer à autrui ses convictions, ni les croyants aux incroyants, ni les incroyants aux croyants. Mais une fois cela dit, la question a-t-elle beaucoup avancé ?
            En toutes choses, il faut considérer la fin, dit le proverbe. La loi Veil avait pour fin de mettre un terme au martyre – il n’y a pas d’autre mot - de ces centaines de milliers de femmes victimes chaque année, et parfois mortellement, des « faiseuses d’anges ». En légalisant l’avortement – pudiquement baptisé IVG, interruption volontaire de grossesse, mais il faut appeler un chat un chat – tout en l’encadrant dans des conditions strictes, elle entendait ouvrir une issue dans l’impasse dramatique dans laquelle tant de femmes se trouvaient enfermées. En proposant cela, Mme Veil, qui ne fait pas mystère de son athéisme, n’éprouvait aucun scrupule de conscience ; mais elle fut soutenue énergiquement par des chrétiens, pour la plupart médecins, dont le docteur Mézard, rapporteur de la loi pour le Sénat, que la connaissance qu’ils avaient de cette multitude effrayante de cas dramatiques conduisit à braver les consignes (évidemment hostiles) de l’Eglise romaine. Il est juste de dire qu’au Sénat au moins, j’en fus témoin, le débat fut d’une exceptionnelle élévation, chacun s’exprimant en vertu de ses convictions personnelles et non en fonction de considérations partisanes.
            Ce fut, hélas, un feu de paille. La loi Veil, on s’en souvient peut-être, était soumise à expérimentation. Elle fut pérennisée cinq ans plus tard par la loi Pelletier, et alors la langue de bois prit sa revanche, et de belle manière.
            Quelle est la réalité à l’heure présente ? En dépit du nombre de femmes qui recourent en toute légalité à l’IVG, celles qui se font avorter clandestinement sont tout aussi nombreuses qu’avant la loi Veil. Celle-ci est-elle donc un échec ? Qui peut le dire ? Faudrait-il l’abroger ? Personne ou presque n’ose le soutenir[3]. Alors, que faire ? Sans doute renforcer considérablement l’information et l’accès à la contraception qui, elle, n’est pas un meurtre. Dans beaucoup trop d’esprits, surtout juvéniles, est installée l’idée absurde – et dangereuse – que l’avortement n’est en somme qu’une forme un peu plus « physique » de la contraception. Dangereuse – je laisse de côté la morale – pour la santé de celles qui y ont recours.
            Une chose est sûre, en tout cas : il faut se garder d’édicter une règle générale, car tous les cas sont des cas particuliers. Faut-il faire avorter la femme dont l’on sait de science certaine que son enfant sera trisomique ? Nombre de couples s’y refusent, et accordent à cet enfant disgracié l’amour débordant qui est ce dont il a le plus besoin.
            Ce cas est-il analogue à celui des femmes violées – notamment dans les circuits clandestins d’immigration ? Des filles victimes d’inceste ? (Un cas récent, assez horrible, a défrayé la chronique). Des religieuses violées à l’occasion de mouvements insurrectionnels en Afrique ou en Amérique latine ? Doivent-elles toutes se résigner à garder leur enfant, au motif que Dieu l’aurait voulu ? Mais est-on bien sûr que Dieu l’ait voulu ? Pour les religieuses, il est des moyens discrets de faire place nette – je sais de quoi je parle ; mais pour les autres ? Quels cas de conscience !
            Même chose pour l’euthanasie, avec toutefois une différence capitale : l’être en fin de vie est supposé être demeuré conscient, et c’est consciemment qu’il peut décider de disposer de sa vie – même si, en toute justice, il n’en est pas propriétaire, mais dépositaire. L’euthanasie active, répondant à une volonté clairement exprimée et dûment enregistrée, est assimilable à un suicide, et le suicide n’est plus – même en Angleterre ! – passible de sanctions pénales. En revanche, l’euthanasie passive... Avec un sujet inconscient, ou présumé tel, que de dérives à craindre ! (Il semble que l’on en ait déjà constaté dans un pays limitrophe de la France, la Belgique, pour ne pas la nommer). Pour parler vulgairement, l’oncle à héritage n’a qu’à bien se protéger !
            En fait, tout est affaire de conscience. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme », enseignait maître Rabelais, qui ajoutait (traduit de l’Ecriture) : « Sapience n’entre point en âme malivole ». Or la conscience ne se décrète pas par la loi. Tout ce que peut faire la loi, c’est de poser des limites : « Tu as posé une limite que les eaux ne doivent pas franchir » (Psaume 104, 9) – (les eaux, ce sont les passions humaines désordonnées, la limite, c’est celle de la justice-justesse). Mais à l’intérieur de ces limites, il n’y a que des hommes, avec leur conscience, ou leur inconscience, ou leur refus de toute conscience. Et à cela, personne ne peut rien.
            On ne peut rien pour altérer ou contraindre la conscience des hommes, mais on peut au moins déployer toutes ses capacités pour la convaincre que « la seule querelle qui vaille, c’est celle de l’homme ». L’homme intégral, dans toutes ses dimensions, de A à Z, de l’alpha à l’oméga. L’homme en devenir, l’homme fait, l’homme qui se défait. (D’ailleurs, à prendre une juste vue des choses, l’homme est toujours en devenir). L’homme ne peut pas acquérir, à tel moment de son devenir, le statut d’homme, et puis le perdre ou en être dépossédé à tel autre moment de ce même devenir.
            C’est pourquoi me séduit assez la notion juridique d’homme en puissance pour caractériser cet homoncule qui n’a pas encore vu le jour. Cela lui confère des droits potentiels, comme à un héritier putatif qui n’a pas encore l’âge requis pour recueillir son héritage. 
            En un mot, en un maître mot, ce qu’il faut par tous moyens faire triompher, c’est l’humanisme, l’humanisme intégral. Car enfin, voilà un point sur lequel tous devraient pouvoir s’accorder, du moins je l’espère : Anthropos pantôn metron, « l’homme est la mesure de toutes choses ».  


X Jean-François Var
Archiprêtre de l’Eglise orthodoxe d’Europe
10 février 2009
En la fête de sainte Scholastique


[1] Par « croyants », je n’entends pas seulement et pas nécessairement les croyants en Dieu, mais bien plutôt les croyants en l’homme. Il y a nombre de croyants en Dieu, et même de dévots, qui massacrent allégrement leur prochain au nom de Dieu ! Mille exemples nous viennent à l’esprit sans nul besoin de faire retour à l’histoire ancienne. Toutefois croire en l’homme ne suffit pas à lui conférer cette transcendance inaliénable qui est la marque du sacré. Il faut croire également en Dieu et en l’homme, c’est-à-dire en l’Homme-Dieu, Jésus-Christ. D’où vient que les chrétiens sont porteurs de cet infini respect envers la personne humaine en qui ils voient une image de Dieu. Du moins, ils devraient...
[2] « Il y a le dogme, il y a les règles, mais il y a aussi l'économie : Dieu, pour nous sauver, nous prend là où nous sommes, là où nous en sommes par rapport au mystère de son amour. Dans une existence avec la mort dedans, rien de ce qui essaie de vivre n'est fixe, ni définitif, ni absolu. La fixité, anomalie du comportement humain, conduit au blocage ; la hâte de faire du définitif, au remplacement de la Tradition par un pesant système d'habitudes; la fausse absolutisation, à l'idolâtrie subtile. Et donc, la vie est toujours au-dessus de la règle. » Mgr Jean de Saint-Denis, Cours de Droit Canon 1957-1958.
[3] Hélas, certains extrémistes en sont venus là – par réaction, mais ce n’est pas une excuse, à des extrémistes adverses qui proclament un droit absolu des femmes à avorter selon leur gré. Ce qui n’est pas davantage admissible par le sens commun (note de 2014).

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